Le psychotraumatisme
Certains événements, dans notre existence, peuvent provoquer des traumatismes, notamment, lorsque que notre intégrité physique est menacée (lorsque l'on est confronté à sa propre mort ou à celle d'autrui), mais aussi lorsque notre intégrité psychique est menacée (tout ce que l'on vit à caractère humiliant, dégradant, inhumain…)
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Que se passe t-il dans notre cerveau ?
Cet évènement provoque l’activation d’une zone du cerveau appelée amygdale qui déclenche alors une réaction de stress intense. Ceci se traduit par une réaction comportementale (fuite, lutte ou immobilisation), une réaction neurovégétative (accélération du rythme cardiaque, hyperventilation, transpiration, tremblements…) et une réaction hormonale (sécrétion de cortisol). Ces réactions physiologiques permettent de préparer l’organisme à se défendre.
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Habituellement, en cas de stress, le cortex préfrontal (aire du langage, du raisonnement, de la prise de décision...) arrive à analyser la situation, à réagir si besoin et à réguler ces réactions de stress une fois le danger passé. Il intègre l’évènement en expérience, ce qui lui permettra par la suite d’appréhender une situation similaire et de s’en protéger.
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En cas d’évènement traumatisant, le cortex n’est plus capable de comprendre l’évènement vécu ni de lui donner un sens. On parle alors de sidération psychique. L’évènement reste bloqué au niveau de la mémoire émotionnelle et n’est pas transformé en mémoire explicite, ni en expérience.
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Non régulée par le cortex, la réaction physiologique de stress s’intensifie et entraîne un risque vital par atteinte cardiaque et neurologique. Pour se protéger, l’organisme déclenche alors une disjonction du circuit émotionnel qu’on appelle la dissociation. Cette dissociation entraîne une anesthésie physique et psychique qui explique que certaines victimes n’aient pas ressenti de douleurs ou ne se souviennent pas d’une partie de l’évènement. La personne va se sentir comme spectatrice de la scène, elle va minimiser.
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Quelle symptomatologie ?
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Les reviviscences
Le souvenir de cet évènement reste bloqué au niveau de la mémoire émotionnelle et déclenche des symptômes intrusifs telles que des souvenirs obsédants du traumatisme, des cauchemars, des flash-backs ou des hallucinations, qui sont toujours vécus avec une forte angoisse et détresse.
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L'hypervigilance
Ces reviviscences provoquent un état de stress et de contrôle permanent qui se traduit par des douleurs chroniques, des insomnies, de l’irritabilité et des sursauts, des difficultés de concentration ainsi qu’une méfiance vis-à-vis des autres.
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L'évitement
Sa souffrance est telle que la personne traumatisée va mettre en place, consciemment ou non, des stratégies pour éviter de se confronter à tout ce qui leur rappelle ces souvenirs : évitement des pensées, des sentiments, des endroits, des personnes, des activités, etc. susceptibles de rappeler l’évènement vécu.
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La dissociation
Quand malgré les conduites de contrôle et d’évitement, la mémoire traumatique se déclenche, elle réentraîne la même détresse et le même état de stress que lors du traumatisme. Le risque vital est alors important et nécessite de répéter la disjonction émotionnelle, ce sont les épisodes dissociatifs.
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Soit cette disjonction se fait spontanément, l’état de conscience de la personne est modifié et elle semble « être ailleurs », soit cette disjonction n’arrive pas à se faire et la victime doit déclencher elle-même cette disjonction. Ceci peut s’obtenir de deux façons :
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en recréant une disjonction en interne, en augmentant le niveau de stress par des conduites à risque (excès de vitesse, sport extrême…), des conduites auto-agressive (automutilation) ou des conduites hétéro-agressive (violence envers l'autre).
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en utilisant des drogues dissociantes : alcool, drogues, certains médicaments…
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La prise en charge
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Il y a différentes thérapies : l'Hypnose, l'EMDR, les TTC, l'ICV.
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Il y a aussi toutes les activités artistiques (écriture, théâtre, danse, chant, dessin, sculpture, photographie, cinéma) qui sont des aides précieuses pour s'exprimer.
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L'idée est d'extérioriser le souvenir traumatique pour pouvoir le réintégrer et se réassocier. Il s'agit de traiter cette fameuse mémoire traumatique qui est restée piégée.
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L'objectif est de partir d'un symptôme désagréable dans le quotidien de la personne (crise d'angoisse, phobie, cauchemars, flash-back…). De ressentir les émotions ainsi que les sensations corporelles qui sont en lien (boule dans le ventre, poitrine oppressée, gorge serrée…) afin d'accéder à des souvenirs où la personne a ressenti des sensations similaires.​
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Une fois, en lien avec l'évènement traumatique, il s'agit de libérer les émotions bloquées, de soigner, de mettre en place ce que la personne n'a pas pu faire à l'époque dans le but de la protéger, de la resécuriser afin d'éteindre la réaction de stress.
Le cortex pourra alors, à nouveau, jouer son rôle de modulateur sur l'amygdale, en analysant le souvenir, en lui donnant du sens afin de l'intégrer.
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Il ne s'agit pas d'effacer l'évènement traumatique, il fera toujours parti de la vie de la personne mais il ne sera plus douloureux, prêt à envahir la personne à tout moment. La personne pourra convoquer ce souvenir quand elle le souhaite avec peu ou plus de charge émotionnelle associée.​​​​​
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